L’utilisation des bourgeons de plante existe depuis bien longtemps, mais cette pratique a toujours été marginale et réservée à quelques personnes. Au Moyen-Âge par exemple, les alchimistes utilisaient les bourgeons du peuplier afin de confectionner des onguents et ceux du sapin pour fabriquer des sirops pour la toux. Quelques évocations des bourgeons datent d’encore plus longtemps, mais cette pratique n’avait alors pas de nom et était peu reconnue. Ainsi, la gemmothérapie est une thérapeutique très récente datant des années 1960. C’est le docteur belge Pol Henry qui s’est penché le premier sur la question en réalisant des analyses de sang chez des patients traités par des produits à base de plante. Mais, là où l’engouement de l’époque tendait à identifier spécifiquement quelle molécule allait agir de telle manière sur tel organe, Pol Henry prit la direction opposée. Cette approche médicinale « chimique » ne lui convenait pas, et il croyait intuitivement que la nature dans sa globalité était capable de guérir nombre de maladies bien plus efficacement que le plus abouti des médicaments. Il se pencha alors sur l’étude des bourgeons, établissant un mode de fabrication de macérats et publiant ses résultats sous le terme de « phytembryothérapie », qui furent repris par la suite par le docteur français Max Tétau. Ce dernier pu notamment démontrer d’une part la supériorité pharmacologique du bourgeon par rapport à la plante adulte et d’autre part des indications différentes de celles définies en utilisant la plante adulte. C’est le docteur Max Tétau qui créa le terme de gemmothérapie, qui fut alors adopté de façon définitive. Bref, bien que récente, la gemmothérapie n’est pas basée sur du vent et même si le mode d’action et les molécules en jeu ne seront pas définies aussi précisément qu’en aromathérapie, des travaux ont été menés prouvant l’efficacité des macérats de bourgeons.

Cet article a été mis à jour le 02/04/2024

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Recherches et études sur les bourgeons

Afin d’analyser l’activité des macérats de tissus embryonnaires végétaux, les recherches et expérimentations ont été orientées selon trois axes principaux :

Premièrement, des études analytiques, comme ça a beaucoup été le cas en aromathérapie, ont été réalisées. Via des Chromatographies Liquides Hautes Performances, on a réussi à quantifier et qualifier les molécules présentes dans le bourgeon, et à les comparer avec ceux présent chez la plante adulte. On pouvait ainsi faire une comparaison inter-espèce, et intra-espèce (selon le tissu, et selon le stade de maturation).

Deuxièmement, des études pharmacologiques, sur des souris notamment, ont permis de montrer l’efficacité des bourgeons sur certains systèmes :

En premier lieu, c’est le bourgeon de Bouleau pubescent qui a été étudié via le test d’Halpern. Ce test, bien connu dans le monde pharmaceutique, vise à prouver l’activité d’un médicament sur le système réticulo-endothélial en évaluant le pouvoir de captation par ce dernier de particules injectées en intraveineuse. Si vous n’avez rien compris, pas d’inquiétudes ! Pour faire simple, ce test a permis de mettre en évidence qu’un traitement à base de macérat de bourgeons du bouleau permettait d’augmenter l’activité de ce système. Donc qu’il n’y a pas uniquement un effet placebo !

Les résultats ayant été probants, la recherche a alors été étendue pour d’autres macérats de bourgeons à destination de 4 grands systèmes de notre organisme :

  • Le macérat de bourgeons de Cassis (Ribes nigrum) sur le mécanisme de l’inflammation
  • Le macérat d’Aubépine (Crataegus oxyacantha) sur le système cardiovasculaire
  • Le Romarin (Rosmarinus officinalis) sur la fonction hépatique
  • Et le macérat de bourgeons de Tilleul (Tilia tomentosa) sur le système nerveux via une action sédative.

Toutes ces expériences ont été couronnées de succès, provoquant un important engouement pour la gemmothérapie. Par la suite, de nombreux autres macérats de bourgeons ont été développés, dont le rôle et les propriétés ont principalement été définis par expérimentation clinique.

En effet, dans son ensemble, la gemmothérapie est une thérapie empirique (qui n’a rien à voir avec l’empire romain), dont la connaissance acquise provient surtout des témoignages et observations, bien plus que des analyses moléculaires poussées. Ainsi, sans plus se préoccuper du « pourquoi » ou du « comment », des expériences avec des macérats de bourgeon et des témoignages d’utilisateurs ont permis d’apporter leur pierre à l’édifice. Et même si on ne sait pas exactement comment ça marche, le résultat est bel et bien là : la gemmothérapie fonctionne !

De quoi est composé le bourgeon ?

Le bourgeon contient tous les tissus embryonnaires de la plante et tout son patrimoine génétique. Plus précisément, à la base du bourgeon, on retrouve le méristème : c’est un tissu biologique embryonnaire constitué de cellules indifférenciées formant une zone de croissance. Ce tissu est à multiplication rapide, soit en longueur (méristème primaire), soit en épaisseur (méristème secondaire). Il est également intéressant de noter qu’une seule cellule embryonnaire est capable de reconstituer le végétal entier. On dit que cette cellule est totipotente, c’est-à-dire qu’elle va pouvoir former n’importe quelle cellule. 

Le macérat de bourgeons contient ainsi des éléments embryonnaires, qu’ils soient constitutifs de la plante adulte, ou qu’ils lui soient propres, et ce sont tous ces éléments qui sont à l’origine de son efficacité. On retrouve notamment des phytohormones :

  • L’auxine, qui est indispensable au développement de la plante. Elle contribue à la régénération des tissus et stimule la croissance en longueur de la plante.
  • La gibbérelline, qui stimule la synthèse des méristèmes, des bourgeons floraux, et provoque la floraison.
  • La cytokinine, qui active la division cellulaire et régule la croissance
  • L’abscissine, qui est stabilisante et met la plante au repos. Elle a un effet général inhibiteur et régulateur de la croissance, et est à l’origine de la dormance hivernale des bourgeons.

Le bourgeon contient donc tout le potentiel des futures plantes : il contient des tissus riches en acides nucléiques, acides aminés, phyto-hormones, vitamines, oligo-éléments, minéraux et sève… et tous ces éléments ne sont pas forcément retrouvés chez la plante adulte. Il est ainsi d’une extrême richesse, et renferme à la fois les propriétés des fleurs, des fruits et des feuilles : c’est en quelque sorte un « totum » concentré de la plante, dont le tout est supérieur à la somme des propriétés de chaque élément pris indépendamment. Par exemple, le bourgeon de Tilleul possède les propriétés calmantes attribuées à la fleur de cet arbre, et également les vertus dépuratives et diurétiques de l’aubier, qui est la partie du tronc d’arbre la plus récemment formée (partie tendre et blanche la plus externe).

Pour résumer, on retrouve donc dans un bourgeon :

  • Des phytohormones
  • Des flavonoïdes, qui agissent sur les vaisseaux sanguins et la circulation, sont des diurétiques
  • Des alcaloïdes, à action variable selon la structure
  • Des anthraquinones, généralement laxatif et lubrifiant sur l’organisme
  • Des glucosides, à action souvent sédative sur le cœur et les poumons
  • Des mucilages et gommes, apaisants et cicatrisants
  • Des saponines, qui, au contact de l’eau sont émulsionnants et adoucissants pour la peau
  • Des tanins, anti-inflammatoires et antiseptiques
  • Des acides nucléiques, oligoéléments, vitamines…

Toutes ces molécules sont extraites au cours de la macération, et chaque solvant (eau/alcool/glycérine) a un rôle particulier pour extraire tels ou tels composés.

Principe de drainage

La notion de drainage est très importante en gemmothérapie. En effet, il s’agit de la première étape dans la prise en charge d’une affection par des macérats de bourgeon.

L’objectif est ici de réaliser une véritable détoxification de certains organes. En effet, les macérats de bourgeons sont particulièrement efficaces pour effectuer une élimination complète des substances toxiques retrouvées dans l’organisme. Pour ce faire, ils apportent à l’organisme des principes actifs végétaux riches en substances de croissance qui vont stimuler les organes épurateurs tels que le foie, le rein, la vésicule biliaire ou l’intestin.

Généralement, il convient de constater que les maladies se développent sur un terrain fragilisé par le ralentissement des organes d’élimination qui entraine l’accumulation de substances toxiques (métabolites mal dégradés, déchets, complexes immuns (anticorps/antigène)). Il y a alors une diminution des défenses immunitaires. Ainsi, un des moyens permettant d’éviter le développement de maladies est de diminuer cette charge toxique en stimulant les émonctoires (organes d’élimination), favorisant ainsi un retour à un bon état de santé ! Et bim les toxines !

Au niveau physiologique, les macérats de bourgeons stimulent ainsi l’activité des organes excréteurs. Ce principe de drainage est donc particulièrement efficace dans tous les cas d’intoxication, que ce soit des intoxications chimiques ou liées à la pollution environnementale. Bref, la gemmothérapie va drainer toutes ces substances qui ne sont pas très bonnes pour votre organisme !

Dans ce cadre, on peut notamment citer le Bouleau pubescent ou le Genévrier qui sont tous deux des macérats “détox” et protecteurs hépatiques. On peut les utiliser aux changements de saison en cure de 21 jours afin de préparer notre organisme à des changements et d’éliminer les toxines accumulées. La gemmothérapie permet alors de réaliser un véritable “reboot” de votre organisme, qui sera ainsi plus apte à réagir et à se défendre face aux éléments extérieurs.

Enfin, ce principe de drainage est également retrouvé en homéopathie. Léon Vannier, homéopathe français le définissait ainsi au début du XXème siècle : « Le drainage est l’ensemble des moyens à mettre en œuvre pour assurer l’élimination régulière des toxines qui encombrent l’organisme d’un sujet. Je dis d’un, et non des sujets, car, fait essentiel à retenir et d’une importance capitale, le drainage doit toujours être individualisé ». Ce principe est reconnu, aussi bien en phytothérapie qu’en allopathie, mais il reste très peu pratiqué dans cette dernière tandis que des thérapeutiques telles que l’homéopathie ou la gemmothérapie en font le fer de lance de leur stratégie.

Grâce au principe de drainage, vous pourrez éliminer les toxines accumulées afin de repartir du bon pied !

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Bibliographie

Ouvrage : Piterà di Clima, F., & Nicoletti, M. (2018). Précis de gemmothérapie - Fondements scientifiques de la Méristémothérapie. Éditions Amyris.

Ouvrage : Boistard, S. (2016). Gemmothérapie - Les bourgeons au service de la santé - Guide pratique et familial. Éditions de Terran.

Ouvrage : Andrianne, P. (2011). Traité de gemmothérapie : La thérapeutique par les bourgeons. Éditions Amyris.

Ouvrage : Halfon, R. (2011). La gemmothérapie - La santé par les bourgeons. Éditions Dangles.

Ouvrage : Ledoux, F., & Guéniot, G. (2014). La phytembryothérapie : L'embryon de la gemmothérapie. Éditions Amyris.

Ouvrage : Pineau, L. (2019). Le grand livre de la gemmothérapie. Leduc.s Éditions.