Miel, gelée royale, propolis, pollen, venin et cires ont un point en commun : ce sont des produits de la ruche, qui nous viennent tout droit des abeilles. Et quand on voit le potentiel de ces subtances, on ne peut que constater que les abeilles sont des insectes exceptionnels. L'apiculteur, au coeur de leur monde, est celui chargé de récupérer ces produits, mais sans lui, les abeilles peuvent vivre d'elles-mêmes en colonies très structurées, et ce de façon totalement naturelle. Responsables de la pollinisation de 80% des plantes à fleurs à travers leur activité de butinage qui occupe une bonne partie de leur vie, les abeilles sont ainsi essentielles à la vie, et leur disparition aurait des répercussions catastrophiques... Et dissipons tout de suite un malentendu fréquent : l'abeille n'est pas la guêpe, et malgré leur ressemblance physique, elles n'ont rien en commun. La guêpe, carnivore, pique plusieurs fois et ne produit rien, tandis que l'abeille est végétarienne, pacifiste (elle ne vous piquera que si elle se sent menacée) et sa ruche est le berceau de produits remarquables.

Cet article a été mis à jour le 25/10/2022

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L'abeille, la reine et la ruche

Une abeille est un insecte hyménoptère de la famille des apoïdes, dont il existe plus de 20 000 espèces répertoriées ! En Europe, l’espèce la plus courante est Apis mellifera, et c’est elle qu’on retrouve majoritairement à l’origine de la production de miel. Ce monde fascinant est très structuré et la société des abeilles est incroyable de par son fonctionnement.

Les abeilles sont des sociétés féminines vivant en essaims de 40 000 à 60 000 femelles ouvrières pour 1 000 à 2 000 faux-bourdons mâles. Tout ce petit monde est structuré et organisé autour d’une reine, qui est la seule femelle capable de reproduction car ses phéromones inhibent les ovaires des ouvrières (original comme moyen de contrôle des naissances !). Cette dernière est fécondée une seule fois dans sa vie, par un beau jour de printemps, par quelques-uns des mâles (oui oui, il y en a plusieurs) dont c’est l’unique tâche. Et, tragique destin, ces derniers y laissent leur vie en même temps que leurs organes génitaux qui restent accrochés à l’abdomen de la femelle…Ainsi, tels des martyrs envoyés sur le champ de bataille, ces faux-bourdons, ces élus, ces héros méconnus donnent leur vie pour la survie de l’espèce. RIP petit faux-bourdon, toi qui a disparu au champ d’honneur pour sauver les apiculteurs !

Bref, ces multiples accouplements simultanés font les affaires de la reine, qui remplit à cette occasion sa spermathèque (comme une bibliothèque, vous avez bien compris), de 5 à 7 millions de spermatozoïdes (rien que ça !). La reine, Ô grande reine, rentre alors au bercail (seule, pas de place pour un quelconque mâle, de toute façon ils sont tous morts), et s’installe dans la ruche pour 5 années d’une existence maintenant chaste et prude, qui seront consacrées à une seule et unique tâche : pondre.

La ponte, à l'origine de la colonie

Mais alors, comment la reine fait-elle pour pondre sans cesse ? Ce rituel immuable, seulement perturbé par le phénomène d’essaimage (quand un essaim quitte la ruche avec la reine pour former une nouvelle colonie), se déroule chaque année des beaux jours du printemps jusqu’à l’automne. Et il faut bien parler de rituel, car il ne manque plus que les tambours et les feux pour qu’on pense assister à un rituel ancien d’une tribu maya. En effet, la reine, entourée de sa cour (une quinzaine d’abeilles ouvrières triées sur le volet), plonge la tête dans les alvéoles qui ont été préparées avec une goutte de gelée royale, puis se retourne et dépose un oeuf dans cette dernière. Puis elle passe à l’alvéole suivante, reprenant le même schéma, et ainsi de suite, toutes les quarantes secondes. Elle pond ainsi entre 1 500 et 2000 oeufs par jour (équivalent de son propre poids), méthodiquement du centre du rayon puis en spirale vers l’extérieur. Irrémédiablement, la reine plonge sa tête dans l’alvéole, pond, et enchaîne sur la suivante. Et ainsi de suite, inlassablement et assidûment.

Mais, vous vous demandez sans doute pourquoi elle passe la tête dans l’alvéole ? Il faut savoir ici que c’est la taille de cette dernière qui va déterminer le sexe de l’individu. En effet, la reine “décide”, selon son bon vouloir, en fonction de la taille de la cellule, d’ouvrir ou non son canal séminal, permettant au sperme de féconder l’ovule, donnant ainsi une femelle. Après une examination attentive de la cellule, la reine va donc féconder ses ovules pour les petites cellules, donnant ainsi naissance aux abeilles ouvrières, tandis qu'il n’y a pas de fécondation pour les alvéoles plus grandes, où sont alors engendrés des mâles (qui, bien qu’ayant une chambre plus grande, auront un rôle pour la colonie inversement proportionnel à la taille de leur alvéole).

L'abeille, une vie entière au service de la ruche

C'est l'histoiiiiire de la viiiiie, le cycle de l'abeiiiiille !

Après trois jours d’incubation, l’oeuf éclot et se transforme en larve qui sera exclusivement nourrie avec de la gelée royale pendant ses trois premiers jours de vie, puis elle entame son processus de croissance dans son alvéole, nourrit de miel et pollen, et devient un imago (abeille adulte) au bout de 21 jours après la ponte. Elle déchire alors l’opercule, sort sa petite bouille de l’alvéole, et intègre la colonie : elle rentre dans un système rigoureux et intransigeant, où elle aura un rôle particulier selon son âge. D’abord nettoyeuse, puis nourricière, elle devient au douzième jour ouvrière (architecte et maçonne de la ruche, ou gardienne, ou encore manutentionnaire ou ventileuse), puis, enfin, vers trois semaines d’existence, l’abeille quitte la ruche et devient butineuse. Après quelques vols test d’orientation, elle effectuera de 10 à 15 trajets par jour, pendant une à trois semaines, afin de butiner les fleurs et de ramener le précieux nectar.

L’abeille est une travailleuse inconditionnelle, qui s’épuisera à la tâche et mourra alors d’épuisement. Vaillante tout du long de sa brève existence, l’abeille vit donc rarement plus d’1 mois et demi ou deux. Sa seule chance de vivre plus longtemps (jusqu’à 6 mois) est de naître à l’automne, car la ruche entre alors en phase d’inactivité, car winter is coming. Elles passent alors l’hiver serrées les unes contre les autres, produisant de la chaleur en contractant leurs muscles, afin de garder une température de 20-25°C au centre de la ruche. Toutefois, les abeilles placées à l’extrémité peuvent subir des températures inférieures à 10°C, et elles se relaient entre elles afin de venir se réchauffer au centre de la grappe. Ici, on constate encore une fois que la colonie d’abeille constitue un seul et même organisme qui s’auto-entretient collectivement.

Mais, pendant cette période, qu’en est-il des mâles ? Et bien, les pauvres faux-bourdons, eux, ne passent pas l’hiver. En effet, comme ils ne sont pas essentiels à la survie de la ruche, ils sont chassés voir carrément exterminés par leurs congénères femelles qui préfèrent garder leurs provisions hivernales pour des individus utiles. Cruel, diriez-vous ? C’est en tout cas très efficace à leur survie bien qu’un peu radical…

L'essaimage, la fin d'un cycle et le début d'une nouvelle ère

Au printemps suivant, l’activité quotidienne des abeilles reprend, tels un ruisseau qui reprend son cours. Chacune retrouvant son rôle, chacune bien à sa place dans cette société où l’individu est la colonie. Jusqu’au jour où la ruche actuelle devient trop petite pour la colonie : alors, la reine, entourée de plusieurs dizaines de milliers d’ouvrière, guidée par des éclaireuses, entame un long pèlerinage afin de créer une nouvelle colonie. Prévoyantes en emportant les provisions nécessaires, les abeilles entament donc l’essaimage pour aller vers des horizons plus propices. Sans qu’on sache comment est décidé qui part et qui reste, il semble que les abeilles constituent un seul organisme qui va faire ce qui est bon pour sa survie. Les abeilles pensent vraiment à tout, et une fois un nouvel abri trouvé, chaque abeille se met durement à la tâche afin de reprendre son cycle, ce cycle qui est toute sa vie et toute son existence.

La boucle est bouclée, tout peut recommencer.

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Bibliographie

Ouvrage : Cherbuliez, T., Domerego, R. (2003). L'apithérapie - Médecine des abeilles. Éditions Amyris.

Ouvrage : Avril, G. (2014). La santé naturelle avec l'apithérapie : Miel, propolis, pollen, gelée royale... Éditions Terre vivante.

Ouvrage : Domerego, R., Imbert, G., & Blanchard, C. (2016). Guide pratique de la médecine des abeilles : miel, pollen, propolis, gelée royale... au quotidien. Éditions Baroch.

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