Le diabète est un groupe de maladies correspondant à une impossibilité de réguler la glycémie. Dans cette famille, on reconnait le diabète de type 2 : une maladie qui apparait à cause d’une résistance à l’insuline, l’hormone permettant de diminuer la glycémie. Cette maladie apparait après plusieurs années de prédiabète, qui est une phase réversible. Le diabète de type 2 non contrôlé peut entrainer des changements dans la structure ou le fonctionnement d’autres organes, comme les vaisseaux sanguins, le cœur, les reins, les yeux, etc. Le mécanisme de la désensibilisation à l’insuline n’est pas encore bien compris et plusieurs pistes sont suggérées. Parmi ces pistes, des chercheurs suggèrent que le stress oxydatif et/ou le stress inflammatoire altèreraient la tolérance au glucose. En effet, l’incorporation d’antioxydants semble améliorer la réponse à l’insuline. Sans oublier qu’ils réduiraient également les risques de complications provoqués par le diabète. Les Myrtilles sont des baies antioxydantes grâce à leur composition en de nombreux composés phénoliques. De ce constat, les Myrtilles font l’objet de nombreuses recherches scientifiques.
Cet article a été mis à jour le 06/12/2023Les Myrtilles possèdent les mêmes caractéristiques nutritives que les fruits de la famille des baies : des glucides, un peu de fibres et de nombreux micronutriments (phytonutriments, minéraux et vitamines). Les phytonutriments prédominants dans les Myrtilles sont les flavonols (dont les flavonoïdes, la quercétine ou la myricétine), les acides phénoliques, le resvératrol, les tanins et les anthocyanes. Les Myrtilles seraient l’une des baies les plus riches en anthocyanes puisqu’on en retrouve 68 mg dans 100 g de Myrtilles, contre une moyenne de 50 mg pour les autres baies.
Différentes études notent des modifications dans la gestion de la glycémie lorsque les patients étaient supplémentés en Myrtilles. Par exemple, des scientifiques ont supplémenté 48 participants en situation d’obésité (44 femmes et 4 hommes) avec une boisson composée d’eau et de 50 g de Myrtilles lyophilisées (équivalent à 350 g de Myrtilles fraîches). À la fin des huit semaines de supplémentation, les participants avaient une meilleure sensibilité à l’insuline qu’au départ. Dans le même thème, des chercheurs ont constaté que la consommation de smoothie additionné de Myrtilles pendant six semaines augmentait également la sensibilité à l’insuline par rapport au smoothie placebo sans Myrtilles.
Une autre étude in vitro a observé qu’une incubation de 6 h de jus de Myrtille fermenté avec et sans insuline a amélioré l’absorption des sucres par les cellules musculaires et les adipocytes (cellules graisseuses). Ces résultats montrent que les composés bioactifs de la Myrtille fermentée améliorent l’absorption du glucose.
L’action des Myrtilles sur le métabolisme du glucose n’est pas claire, et plusieurs hypothèses sont proposées :
Les polyphénols des Myrtilles inhibent les réponses inflammatoires : l’inflammation chronique a probablement un lien entre obésité et résistance à l’insuline. En effet, des études animales ont observé que les Myrtilles avaient un effet anti-inflammatoire : elles diminuaient la concentration de certains marqueurs de l’inflammation, comme l'expression du facteur nucléaire κB, de l'interleukine-6, du facteur de nécrose tumorale alpha et protéines c-réactive dans le foie et le tissu adipeux abdominal et dans le plasma.
Les polyphénols des Myrtilles modifient les voies cellulaires d’absorption du glucose : il existe des preuves dans des modèles in vitro et in vivo suggérant que les Myrtilles pourraient moduler les voies intracellulaires du métabolisme du glucose. Pour faire simple, l’organe qui capte le plus de glucose sont les muscles, ceci grâce à deux voies : celle qui dépend de l’insuline et celle qui ne dépend pas de l’insuline. La seconde voie s’active lorsque les muscles n’ont plus de réserve d’énergie. Selon certains chercheurs, les polyphénols des Myrtilles stimuleraient la voie indépendante à l’insuline, cela signifie que les muscles captent du glucose même en l’absence d’insuline si leurs réserves sont faibles. Pour les plus aguerries qui souhaitent comprendre le mécanisme qui serait à l’origine de ce phénomène : les chercheurs supposent qu’un composant de la Myrtille augmenterait la phosphorylation des protéines indépendantes à l’insuline (telles que AMPK). Ceci se traduirait par une régulation favorable à la formation de GLUT-4 : le transporteur du glucose.
Les polyphénols des Myrtilles modulent l’absorption du glucose : il a été suggéré que les tanins peuvent abaisser l’absorption du glucose en inhibant l’efficacité des enzymes glucidiques. En effet, des études antérieures démontrent que les tanins inhibent l’activité de l’alpha-glucosidase intestinale. Cette inhibition limite « le découpage » des sucres, les rendant in-absorbables. Ce mécanisme est également proposé pour les anthocyanes (le delphinidine-3-rutinoside plus précisément).
La large palette de polyphénols contenus dans les Myrtilles contribueraient activement à la lutte contre le diabète de type 2, car ils améliorent la tolérance au glucose.
Néanmoins, rappelons qu’il n’existe aucune preuve, ce sont seulement des hypothèses résultant d’observation. Il est nécessaire de prendre du recul sur les résultats : les Myrtilles ne sont pas des fruits miracles, elles ne guérissent pas du diabète ! Davantage, les interactions entre tous les polyphénols sont à considérer, on peut observer des « effets cumulatifs » ou les propriétés seront renforcées, ou parfois des effets antagonistes, se traduisant par la disparition des propriétés.
Les recommandations hygiéno-diététiques du diabète de type 2 freinent la progression des complications du diabète. Ces dernières préconisent d’augmenter la consommation d’aliments antioxydants et anti-inflammatoires.
Par leurs fortes concentrations en polyphénols, les Myrtilles peuvent ralentir certaines complications du diabète.
Des plaques d’athéromes peuvent apparaitre sur les parois des gros vaisseaux sanguins. Ces plaques d’athéromes peuvent tirer leurs origines des hyperglycémies répétées. Une méta-analyse de 22 essais contrôlés randomisés a rapporté que les baies diminuaient les concentrations en mauvais cholestérol (LDL-cholestérol) de 0,21 mmol/L, la tension artérielle systolique de 2,72 mmHg, la glycémie à jeun de 0,10 mmol/L, l’indice de masse corporelle (IMC) de 0,36 kg/m2 et l’hémoglobine glyquée (HbA1c) de 0,20 %.
Tous ces indicateurs promeuvent la santé cardiovasculaire.
Des hyperglycémies peuvent endommager les petits vaisseaux sanguins durablement. Les anthocyanes des Myrtilles offriraient une protection contre cette pathologie.
Une étude menée sur des rats diabétiques a observé que les anthocyanes des Myrtilles augmentent la capacité antioxydante de la rétine en stimulant l’activité du glutathion peroxydase (enzymes antioxydantes) et en diminuant les molécules qui témoignent du stress oxydants (malondialdéhyde et les espèces réactives de l’oxygène).
Le pouvoir antioxydant procuré par les polyphénols des Myrtilles seraient utile pour prévenir les complications vasculaires des diabètes.
Les Myrtilles, comme les autres fruits, ont une énergie glucidique. Pour 100 g de Myrtilles, on retrouve 10,6 g de glucides, soit 15,9 g pour une portion de Myrtilles (150 g). Ces sucres sont en majorité des sucres simples : glucose et fructose.
Les sucres simples sont absorbés plus rapidement que les sucres complexes, comme l’amidon, car ils possèdent une structure plus simple qui demande peu de travail enzymatique. Les fibres des fruits ralentissent l’absorption des sucres des Myrtilles, ce qui permet de réguler la glycémie.
Cette régulation s’observe sur la charge glycémique : une portion normale de Myrtilles à une charge glycémique faible (environ 4), à partir de 500 g de Myrtilles (un bon bol), nous arrivons sur une charge glycémique moyenne (environ 13). La charge glycémique est un indicateur qui prend en compte la quantité de glucides dans l’aliment et la quantité consommée.
Ainsi, la charge glycémique donne une idée de la manière dont la quantité d’un aliment peut augmenter la glycémie : plus la charge glycémique est forte plus, il aura tendance à augmenter fortement la glycémie.
Pour autant, il ne faut pas bannir les fruits ! Les bienfaits des fruits sont largement supérieurs aux méfaits.
Concernant les Myrtilles séchées, les quantités doivent rester raisonnables ! Elles sont beaucoup plus riches en glucides : approximativement 70 g pour 100 g. Il faut donc être d’autant plus vigilant avec les fruits séchés et bien respecter les quantités recommandées, surtout en cas de diabète. C’est le cas également avec les jus de Myrtille, consommer des fruits sous forme liquide retire les bénéfices des fibres : les glucides sont absorbés plus rapidement.
Retenons qu’il est nécessaire de consommer des fruits : deux fruits par jour. Les fruits frais seront toujours plus avantageux que les fruits séchés ou les jus de fruits, qui perdent leurs bénéfices par le séchage ou le mixage.
Il est recommandé de consommer 150 g de Myrtilles fraîches par jour. En cas de diabète, il est préférable de ne pas consommer les fruits seuls, il est préférable de les accompagner d’autres aliments comme un yaourt par exemple. Concernant le jus de Myrtille, au regard des protocoles des études scientifiques, il semble qu’une consommation quotidienne de 240 mL de jus pendant 8 à 12 semaines montre des effets bénéfiques sur le contrôle de la glycémie. Également, le jus de myrtille ne doit pas être consommé seul.
Enfin, il est recommandé de consommer au maximum 15 g de Myrtilles séchées par jour en cas de diabète, ce qui représente une petite poignée. Cette poignée doit ici aussi être prise accompagnée d’autres aliments pour diluer l’apport en sucre.
Notons, que les bienfaits des Myrtilles sur le diabète dépendent de leurs teneurs en polyphénols. Or, cette teneur varie d’un fruit à l’autre. Pour optimiser l’apport en polyphénols, il est préférable d’opter pour des sauvages, fraichement cueillies, récoltées l’été et issues de l’agriculture biologique.
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