Tous les hydrolats du commerce ne se valent pas. La grande difficulté avec ces produits est leur manque de stabilité. Tout au long de leur fabrication, leur qualité peut être impactée : de la distillation avec la qualité des matières premières ou des paramètres de distillation, à la conservation, mais aussi lors du conditionnement en flacons, ou par l’ajout d’additifs. Pour savoir exactement ce qu’il y a dans un flacon d’hydrolat, la première chose à faire, qui peut paraître évidente, est de lire l’étiquette. Celle-ci donne quelques éléments intéressants.
Cet article a été mis à jour le 10/08/2022L’étiquette d’un flacon d’hydrolat donne quelques éléments permettant de jauger sa qualité. Le premier, qui semble être le plus important, est la certification biologique. Choisir un hydrolat bio, c’est à la fois choisir un produit issu d’une production respectueuse de l’environnement, mais également choisir un produit respectueux de notre santé. Les produits issus de la distillation peuvent en effet concentrer, au même titre que les molécules aromatiques naturelles des plantes, certains pesticides ou métaux lourds. Pour être sûr que l’hydrolat est issu de l’agriculture biologique, il suffit de vérifier la présence d’un des deux logos suivants sur l’étiquette du flacon : AB ou Cosmos Organic.
Les hydrolats purs et naturels ne doivent être composés que… d’hydrolat. De nombreux fabricants rajoutent des additifs ou conservateurs en vue d’assurer une meilleure stabilité du produit. Ces hydrolats ne peuvent pas être utilisés en hydrolathérapie, par voie orale particulièrement. Du fait de leur composition, leur utilisation est réservée à la voie cutanée, pour des utilisations cosmétiques principalement. La réglementation cosmétique impose la présence d’une liste d’ingrédients sur le produit, aussi connue sous le nom de liste INCI (International Nomenclature of Cosmetic Ingredients). Il s’agit de la liste écrite en anglais et en latin. Souvent indéchiffrable, elle apporte toutefois des renseignements très intéressants ! Dans le cas des hydrolats, c’est cette liste qui indique la présence de conservateurs. Aucune liste INCI n’est indiquée ? Il s’agit alors d’un hydrolat pur, qui ne contient aucun conservateur.
Le rendement d'un hydrolat est bien plus élevé que celui d'une huile essentielle. Quand plusieurs centaines de kilos de matière sont parfois nécessaires pour n'obtenir que quelques millilitres d'huile essentielle, dans le cas des hydrolats plusieurs dizaines de litres peuvent être obtenus avec un seul petit kilo de matière. La méthode de référence pour obtenir un hydrolat de qualité est de respecter le ratio 1 :1. Cela signifie que pour recueillir 1 L d’hydrolat, seulement 1 kg de plante sera distillé. Cette condition permet d’obtenir un produit à l’odeur puissante, d’excellente qualité et d’une grande efficacité thérapeutique. Certains producteurs n’hésitent pas à augmenter le ratio, jusqu’à obtenir 10 voire 50 L d’hydrolat pour 1 seul kilo de plante, par intérêt économique. Cela a pour effet de diluer l’hydrolat, ainsi que les principes actifs qui le composent, et donc de diminuer son efficacité et forcément sa qualité.
Plusieurs termes peuvent être utilisés pour parler d'un hydrolat. Seuls les termes d’ « hydrolat » et « eau florale » permettent de s’assurer qu’il a été obtenu par distillation à la vapeur d’eau. Quelle différence entre les deux ? Aucune, si ce n’est que « eau florale » désigne les hydrolats issus de la distillation des fleurs, tandis que « hydrolat » ne fait pas de distinction entre ceux issus des fleurs de ceux issus des feuilles par exemple.
D’autres termes peuvent en revanche porter à confusion. Celui d’ « hydrosol » par exemple. S’il s’agit bien de la traduction du terme « hydrolat » en anglais, un hydrosol en France est une solution dont l’eau est le milieu de dispersion. Il ne s’agit donc pas d’un produit issu d’une distillation à la vapeur d’eau. Les noms d’eau aromatisée ou d’eau aromatique désignent des produits issus de procédés différents également.
Les hydrolats étant majoritairement composés d’eau, les risques de contamination par des bactéries, des champignons ou des levures sont très élevés. Bien que les hydrolats soient stériles à la sortie de l'alambic, puisque la température avoisine les 100°C, ces germes peuvent se développer pendant la conservation. Pour limiter ces risques, il est nécessaire de microfiltrer l’hydrolat, c’est-à-dire de le faire passer à travers une membrane filtrante dont le diamètre des pores est compris entre 1 et 0,2 microns. Cette microfiltration permet de séparer l’hydrolat des potentiels germes qu’il contient. Au moment du conditionnement, les flacons destinés à recevoir les hydrolats peuvent être stérilisés également, à l’alcool, aux UV, ou autre procédé. La pasteurisation est à éviter pour ne pas impacter la qualité intrinsèque du produit. Enfin, des analyses microbiologiques sont systématiquement réalisées durant les différentes étapes de fabrication pour vérifier l’absence de contamination.
Comme les huiles essentielles, les hydrolats sont très sensibles à la lumière et à la chaleur, mais ils sont aussi sensibles à l’oxydation et aux infections microbiennes. Ils se conservent bien entre 12 et 15°C mais cette fourchette de température est assez difficile à respecter à la maison. Le meilleur endroit pour les conserver est donc le réfrigérateur, qui associe aussi bien obscurité et fraîcheur, et qui limite ainsi le développement de micro-organismes. Après ouverture, il est conseillé de les consommer assez rapidement, de préférence dans les 3 mois suivants. Des dépôts blancs peuvent se former au fond du flacon mais ils sont totalement inoffensifs. D’autres dépôts peuvent témoigner d’une contamination. Un hydrolat qui aura tourné aura une odeur désagréable, du fait de la dégradation des molécules aromatiques par les micro-organismes. Il est alors préférable de ne pas l’utiliser et de le jeter.
Les huiles essentielles et hydrolats sont obtenus par distillation à la vapeur d’eau ou hydrodistillation. La vapeur d’eau va traverser le matériel végétal et se charger de toute l’ « information » de la plante, toutes ses molécules aromatiques et hydrosolubles. En plus d’une bonne qualité de plante, la qualité de l’eau est donc inhérente à la qualité d’un hydrolat. En effet, celui-ci va être, par définition, l’eau de distillation chargée en composés actifs. Cela signifie en premier lieu qu’elle doit être potable, filtrée et assainie pour permettre une utilisation en hydrolathérapie des produits, mais aussi de source, pure et naturelle de préférence.
Les hydrolats contiennent toute la fraction moléculaire hydrosoluble de la plante, c’est-à-dire les molécules capables de se solubiliser dans l’eau. En ce qui concerne les molécules aromatiques, ils n’en contiennent que 0,1 à 2 %. Les quelques analyses réalisées sur les hydrolats montrent que seules certaines molécules aromatiques connues des huiles essentielles sont retrouvées dans les hydrolats. Cela s’explique par la composition de la molécule en elle-même, par les groupes fonctionnels qu’elle contient, qui auront plus ou moins d’affinité avec l’eau. En effet, il existe dans la nature des molécules dites polaires et d’autres dites apolaires. Cette polarité se définit par la répartition des charges positives et négatives au sein de la molécule, et est régie par la géométrie de la molécule et l’électronégativité des atomes. Bref, c’est complexe. Ce qu’il faut retenir, c’est que deux molécules polaires vont s’attirer très fortement, comme c’est le cas pour deux molécules apolaires. L’eau est un solvant polaire, qui va attirer les molécules polaires, contrairement aux huiles essentielles.
En pratique, voici donc les principales molécules aromatiques retrouvées dans les hydrolats :
Cela n’inclut pas toutes les autres molécules hydrosolubles de la plante. A l’heure actuelle, très peu d’analyses chromatographiques sont réalisées sur les hydrolats. Ils ont donc encore beaucoup de choses à nous apprendre ! Les huiles essentielles et les hydrolats ayant des compositions différentes, ils sont très complémentaires puisqu’à eux deux ils représentent une grande partie de la fraction moléculaire de la plante.
Cependant, la concentration en molécules aromatiques ne représenterait pas à elle seule la puissance des hydrolats. Ils ont également une action au niveau psycho-émotionnel et énergétique grâce à leur dimension vibratoire.
La cohobation et la bi-distillation sont deux procédés différents mais tous deux basés sur l’utilisation de l’hydrolat lors d’une deuxième distillation.
La cohobation dans un premier temps, est un procédé visant à augmenter le rendement d’une huile essentielle. Pour cela, une première distillation est réalisée pour produire l’hydrolat et l’huile essentielle qui seront alors séparés, comme il est d'usage de faire. Puis une deuxième distillation est opérée, en injectant cette fois-ci l’hydrolat obtenu à la première distillation, sous forme de vapeur. Cela permet d’extraire de la plante une plus grande quantité d’huile essentielle. Ce procédé est notamment pratiqué par certains producteurs de Rose, pour augmenter le rendement de son huile essentielle si précieuse.
La bi-distillation quant à elle réutilise aussi l’hydrolat obtenu lors d’une première distillation, mais pour réaliser cette fois-ci une deuxième distillation sur ce même hydrolat, qui devient alors la matière première. Ce procédé est surtout utilisé dans la fabrication de spiritueux, mais permet aussi d’augmenter la stabilité de certains hydrolats issus de plantes fragiles, afin de les rendre moins sensibles aux phénomènes naturels d’altération comme l’oxydation.
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Ouvrage : Zahalka, J. P. (2017). Dictionnaire complet des hydrolats et eaux florales: 100 pathologies traitées. -: Dauphin.
Ouvrage : Faucon, M., & Canac, P. (2018). Traité d'Aromathérapie scientifique et médicale, les hydrolats (1st ed.). Paris: Éd. Sang de la Terre.
Ouvrage : Dalmas, P. (2012). Guide des eaux florales et hydrolats. Paris: Éd. Médicis.
Ouvrage : Bosson, L. (2015). Hydrolathérapie. Bruxelles: Editions Amyris.
Ouvrage : Price, L., & Price, S. (2004). Understanding Hydrolats: The Specific Hydrosols for Aromatherapy. London: Elsevier Health Sciences.