Les huiles essentielles sont produites sur tous les continents, dans tous les climats, et à toutes les altitudes. Les climats tropicaux sont particulièrement à l’honneur : la riche biodiversité de certains pays, comme Madagascar, offre régulièrement de belles surprises aux chercheurs ! Quel que soit le mode de production, le rendement en est toujours très faible, il faut souvent plusieurs dizaines de kg de végétal pour produire 1 kg d'huile essentielle ! Ce qui fait que l'immense majorité des huiles essentielles sont produites à proximité de la zone où le végétal est cultivé, parfois même au bord du champ ! Il existe aujourd’hui différentes méthodes de fabrication d’huiles essentielles, d’hydrolats, de concrêtes et d'absolues… Prêts pour un tour ?
Alambic, Col de cygne et autres florentins...
La distillation est connue depuis des siècles. Elle consiste à mélanger dans une cuve (corps de l’alambic) la partie de la plante à distiller et de l’eau, à chauffer le mélange pour que l'eau se transforme en vapeur, puis à récupérer et à refroidir cette vapeur chargée d'essence pour en récupérer l'huile essentielle.
Actuellement, la technique la plus utilisée est la suivante :
On fait bouillir de l'eau dans une chaudière A pour obtenir de la vapeur.
Cette vapeur est envoyée dans le corps de l'alambic B (une grosse cuve en cuivre ou en inox), qui contient le matériel végétal à distiller. En traversant le végétal, la vapeur va faire éclater les sacs aromatiques de la plante, qui en contiennent l'essence. Ces molécules, plus légères que l'eau, vont être entrainées vers le haut de l'alambic par la vapeur, jusqu'à atteindre la sortie haute, que l'on appelle le col de cygne.
La vapeur chargée d'essence va ensuite passer dans le serpentin C, qui baigne dans un bain d'eau froide. Elle va donc refroidir petit à petit, et se condenser pour redevenir liquide.
A la sortie du serpentin, le liquide est recueilli dans un vase de décantation D, aussi appelé florentin ou encore essencier. C'est dans ce récipient que l'huile essentielle, plus légère que l'eau, va se séparer de l'eau de distillation, en remontant à la surface du florentin. L'eau de distillation, aussi appelée hydrolat, pour être récupérée, ou renvoyée à la chaudière pour un nouveau cycle.
L'hydro-distillation, se rapprochant fortement de cette première technique, consiste à mettre dans l’alambic la plante et l’eau, sans aucune séparation. La quantité d’eau peut être de deux à six fois plus importante que la quantité de plantes, réduisant la concentration d’huile essentielle.
L'eau ayant servi à la distillation, aussi appelée hydrolat, est à l'origine un sous-produit de la production d'huile essentielle. Cependant, elle contient également (en bien plus faible proportions que l'huile essentielle) des molécules aromatiques et peut donc avoir un intérêt thérapeutique ou cosmétique.
C'est pourquoi lors de la distillation de quelques huiles essentielles, le producteur récupère cette eau, puis la fait passer dans des siphons (on parle de cohobation) pour la concentrer. Elle sera ensuite vendue en tant qu'hydrolat.
Attention toutefois, si les huiles essentielles sont des produits stables, ce n'est pas le cas des eaux florales, qui sont très sensibles aux agressions microbiologiques.
Méthode très moderne et très coûteuse, elle permet pourtant d’obtenir des huiles essentielles de très grande qualité. Les masses végétales sont traversées par un courant de CO2, augmentant ainsi la pression, et faisant éclater « naturellement » les sacs d’arômes.
Les huiles essentielles obtenues de cette manière ont une constitution biochimique beaucoup plus proche de l’essence originelle de la plante.
Plus que d'huiles essentielles, on parle d' extrait CO2. L'un des avantage de cette méthode est que le produit obtenu peut conserver son appelation "Biologique".
Ce procédé d’extraction est le plus simple de tous, et est utilisé généralement pour obtenir les essences d’agrumes. Il s’agit tout simplement d’éclater les sacs d’arômes manuellement, en les explosant par pression mécanique.
La distillation simple consiste à envoyer de la vapeur de bas en haut. Ici, c’est le contraire, elle fait le chemin inverse. Cette méthode a le privilège d’obtenir de l’huile essentielle plus rapidement, mais avec un moins bon contrôle de qualité. Le liquide ainsi obtenu n’est donc pas appelé huile essentielle, mais essence de percolation.
Les huiles essentielles ne sont pas obtenues par macération, ce sont des huiles florales qui sont le fruit de cette technique. Pendant plusieurs semaines, les plantes sont en macération dans des huiles, à l’abri de la lumière. Ces produits sont lipophiles, ils peuvent se mélanger à un corps gras facilement et sont donc beaucoup utilisés en cosmétologie.
C’est un moyen d’extraction généralement utilisé pour les huiles essentielles de fleurs, parfois trop fragiles pour une distillation propre. Ces dernières sont mises en contact avec des graisses absorbantes, qui vont peu à peu s’imprégner des odeurs de la plante. Après saturation, les graisses subissent la phase d’épuisement : mélangées à l’alcool, le parfum se sépare du reste du corps.
L’enfleurage est aujourd’hui souvent remplacé par l’extraction par solvants. Mélangées à un solvant, les fleurs sont lavées en extracteur. Ensuite, le solvant est concentré en distillation, obtenant ainsi une concrète (macération de fleurs et de solvant, formant une pâte). Après un filtrage et un changement radical de températures (passant du très chaud au grand froid), l’absolu est obtenu. Ce n’est pas une huile essentielle, il est surtout utilisé en parfumerie et cosmétologie.
Souvent confondues avec les huiles essentielles, les huiles végétales ne sont pourtant que leurs lointaines cousines. Alors que les huiles essentielles viennent de plantes aromatiques, les huiles végétales viennent de plantes oléagineuses (plantes riches en matières grasses) comme l'olive, le colza, la coco.
On extrait l'huile de ces plantes par pression mécanique à froid et on obtient une huile riche en acides gras, très différente des huiles essentielles, qui, elles, ne sont pas grasses !
Certaines plantes ne sont ni aromatiques (donc il n'est pas possible d'en extraire des huiles essentielles), ni oléagineuses (donc pas d'huile végétale non plus), mais ont des propriétés très intéressantes, en aromathérapie ou en cosmétique. Pour bénéficier de ces bienfaits, la solution consiste à les faire macérer quelques temps dans de l'huile végétale (souvent du tournesol, mais parfois de l'olive). Les molécules de la plante passent dans l'huile, et leurs propriétés avec ! Il ne reste qu'à filtrer le mélange pour obtenir un macérât facilement utilisable.
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Ouvrage : de la Charie, T. (2019). Se soigner par les huiles essentielles. Pourquoi et comment ça marche ? Editions du Rocher.
Cet article d'aromathérapie a été rédigé par Théophane de la Charie, auteur du livre "Se soigner par les huiles essentielles", accompagné d'une équipe pluridisciplinaire composée de pharmaciens, de biochimistes et d'agronomes.
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