Le curcuma est une plante herbacée cultivée dans le sud et le sud-ouest de l’Asie tropicale. C’est un concentré de nutriments car il contient des vitamines, des minéraux, des oligoéléments, des fibres et est riche en antioxydants. Il est sans doute le superaliment le plus apprécié du monde scientifique. En effet, si cette épice est reconnue pour ses vertus thérapeutiques, c’est notamment grâce à sa molécule active présente dans le rhizome : la curcumine. Cette dernière a été identifiée pour la première fois en 1910 par Lampe et Milobedzka. Depuis des millénaires, elle n’a cessé de faire ses preuves sous tous les microscopes du monde entier, particulièrement pour ses propriétés anti-inflammatoires. Le curcuma est donc ce qu’on appelle : un anti-inflammatoire systémique car il a la particularité d’agir dans tout l’organisme pour réduire l’inflammation, où qu’elle soit. Ce n’est donc pas un hasard qu’il soit utilisé depuis longtemps par la médecine ayurvédique. Cet article se concentrera alors sur le potentiel anti-inflammatoire de la curcumine et son utilisation adéquate.
Cet article a été mis à jour le 09/01/2023Le curcuma contient de nombreuses molécules actives qui forment un groupe de pigments naturels appelés : curcuminoïdes. Les principaux sont la bisdéméthoxycurcumine (2-6%), la déméthoxycurcumine (15-20%), et le plus abondant : la curcumine (70-90%). Les études réalisées aujourd’hui suggèrent que cette dernière possède des activités anti-inflammatoires dont le mécanisme d’action est plus précis et plus sûr que certains anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). En effet, la curcumine serait capable d’inhiber la voie NF-kB et d’autres voies de signalisation pro-inflammatoires, notamment la protéine activante-1 (AP-1), l’enzyme cyclo-oxygénase de type II (COX-2), Egr-1 et STAT. Ainsi, elle bloque l’expression et la synthèse de diverses cytokines pro-inflammatoires comme l’IL-6, le facteur de nécrose tumoral α (TNF-α), et d’autres interleukines (IL-1, IL-2, IL-8, IL-12). Ces derniers agissent au niveau du foie pour activer la production des molécules impliquées dans la phase aiguë de l’inflammation. La curcumine possède alors l’avantage d’avoir un fort pouvoir anti-inflammatoire sans pour autant provoquer de lésions ou d’irritations au niveau gastro-intestinal, contrairement à certains AINS.
Les racines de curcuma mettent environ 8 mois pour se développer. Les consommer fraîches permettra de préserver et de profiter de ses nutriments ainsi que tous ses bienfaits, et d’être sûr d’utiliser un produit pur, naturel et qui n’a subi aucune transformation. Il est possible d’utiliser les racines de curcuma en cuisine et de les consommer râpées, cuites ou crues, mixées ou sautées, et ce, en accompagnement avec des légumes, des viandes ou poissons, ou en soupe. Il est recommandé de consommer entre 2 à 3 g de racines de curcuma par personne. Cependant, les racines fraîches peuvent s’oxyder rapidement si elles sont mal conservées, étant donné qu’elles sont sensibles à l’oxygène et à la lumière.
Le curcuma en poudre est l’une des formes les plus proches de l’état originel du curcuma. En effet, c’est le produit ayant subi le moins de transformation. Cependant, sa teneur en curcumine peut être faible selon la qualité et les conditions de transformation. L’avantage de la poudre est qu’elle peut être utilisée en cuisine dans différentes préparations : plats, soupes et boissons, mais aussi dans des préparations cosmétiques (exemple : en masque pour le visage ou le corps), ou encore, en préparations thérapeutiques. Il est recommandé de consommer jusqu’à 3 g de curcuma en poudre pour une personne de 60 kg. 1 cuillère à café correspond à 5 g de curcuma. Pour assurer une meilleure assimilation de la curcumine, il est conseillé d’associer du poivre à un curcuma bio, à raison d’une cuillère de poivre pour 9 cuillères de curcuma. La pipérine étant la molécule active du poivre, elle permet d'améliorer l'absorption intestinale de la curcumine.
Aussi, il est possible d'ajouter du gingembre et une matière grasse (huile d'olive par exemple) dans vos préparations pour une meilleure absorption des curcuminoïdes.
Exemple de recette : Lait d'or/ Boisson d'or / Golden milk :
Les compléments alimentaires à base de curcuma sont concentrés en curcumine. En effet, plusieurs formulations ont été créées afin d’améliorer la biodisponibilité ainsi que la solubilité de la curcumine, étant donné qu’elle est mal absorbée seule au niveau de l’intestin. Ces compléments alimentaires sont utilisés à des fins thérapeutiques, en vue du pouvoir anti-inflammatoire et antioxydant de la curcumine. Les avantages de ces compléments font qu’ils sont pratiques à consommer, que la curcumine est beaucoup mieux assimilable par l’organisme et qu’ils permettent de palier le goût particulier du curcuma s’il n’est pas très apprécié. Cependant, il existe certains dangers du curcuma si la posologie n’est pas respectée. L’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du travail (ANSES) a déterminé que la dose apportée par les compléments alimentaires à base de curcumine optimisée ne doit pas dépasser 153 mg/j, pour un adulte de 60 kg. Par ailleurs, ces compléments ne doivent pas être utilisés dans certaines pathologies ou interagir avec certains médicaments. Ils ne sont pas recommandés aux enfants, ni aux femmes enceintes ou allaitantes.
Le curcuma a fait l’objet de plusieurs essais cliniques et d’études, aussi bien chez l’Homme que chez l’animal. Son pouvoir anti-inflammatoire n’est plus contesté. En effet, aujourd’hui, la curcumine a donné des résultats significatifs dans diverses maladies inflammatoires qui sont entretenues par les cytokines.
Le syndrome de l’intestin irritable (SII) est un trouble du fonctionnement de l’intestin grêle et du côlon. Il est caractérisé par des douleurs abdominales récurrentes, des ballonnements et des gênes associés à des troubles du transit intestinal (constipation, diarrhée ou alternance des deux). Le traitement de cette maladie repose sur une gestion de l’alimentation et de médicaments diminuant les symptômes. Aujourd’hui, les scientifiques pensent qu’une inflammation de faible intensité de la muqueuse intestinale serait responsable d’une partie de la symptomatologie. Une étude pilote a été réalisée auprès de patients atteints de SII afin d’évaluer le pouvoir anti-inflammatoire de la curcumine. Deux groupes de patients ont reçu 72 mg et 144 mg de curcumine respectivement. Au bout de quatre semaines, le groupe ayant reçu la dose la plus basse a connu une réduction de 53% de la prévalence du SII et une diminution de 22% des scores de douleur et d’inconforts abdominaux. Le second groupe quant à lui a connu une réduction de 60% de la prévalence du SII avec une réduction de 25% des scores de douleur et d’inconforts intestinaux.
La Polyarthrite Rhumatoïde (PR) est une maladie inflammatoire chronique des articulations qui évolue par poussées. Une étude clinique pilote de huit semaines a été réalisée chez des patients atteints de PR dans le but d’évaluer l'innocuité et l'efficacité de la curcumine seule et en association avec le diclofénac sodique. Cet anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) permet de lutter contre l’inflammation et la douleur. Les doses reçues par les patients étaient de : 500 mg/j de curcumine, 50 mg/j de diclofénac sodique, ou les deux combinés.
Les résultats de cette étude ont prouvé que la curcumine était sans danger pour les consommateurs et qu’elle avait une efficacité significative dans l’amélioration de plusieurs paramètres, à savoir :
De plus, les patients ayant reçu de la curcumine ont obtenu les taux d’amélioration les plus élevés des composants de l’ACR par rapport aux deux autres groupes ayant reçu respectivement un AINS ou un AINS combiné à la curcumine. En effet, le score ACR permet d’évaluer la réponse thérapeutique et l’activité de la PR. Il comprend l’amélioration :
L'uvéite est une complication de la tuberculose oculaire. C’est une maladie qui provoque une inflammation de l'œil (iris compris) affectant ainsi la vision. Le traitement de cette maladie vise généralement à réduire l’inflammation. Lors d’un essai clinique, des patients ont reçu 375 mg de curcumine pure, seule ou avec un traitement antituberculeux, et ce, 3 fois par jour pendant 12 semaines. Au bout de deux semaines de traitement, 86% des patients traités à la curcumine combinée aux antituberculeux ont eu une amélioration de l’acuité visuelle et une diminution des précipités kératiques, c’est-à-dire les agrégats de globules blancs qui se déposent sur la surface coréenne intérieure. En revanche, ceux ayant reçu de la curcumine seule ont tous connu une amélioration des symptômes.
Ainsi, la curcumine a été utilisée dans l’inflammation de la conjonctive et la baisse de l’acuité visuelle. Son efficacité est comparable à celle de la corticothérapie, qui est le seul traitement standard disponible à ce jour pour cette maladie. Le plus grand avantage de la curcumine est l’absence d’effets secondaires, par rapport aux corticostéroïdes qui eux peuvent avoir plusieurs effets indésirables.
Il est certain que le curcuma a fait ses preuves. Toutefois, il est important de rappeler qu’il ne peut se substituer à un traitement. Pour ce faire, il serait judicieux de se référer à son médecin traitant avant d’entamer une cure.
La greffe rénale, connue aussi sous le nom de transplantation rénale, est une intervention chirurgicale qui consiste à greffer un rein prélevé sur un donneur. Elle permet le plus souvent de restituer toutes les fonctions rénales. Dans le cadre d’une étude, il a été évalué le bénéfice thérapeutique de la curcumine associée à la quercétine chez des sujets ayant subi une transplantation rénale de donneurs cadavériques à risque de rejet de greffon. En effet, la quercétine est un puissant antioxydant et anti-inflammatoire qui permet de booster le système immunitaire. La combinaison de ces deux molécules permet donc d’augmenter l’assimilation et l’absorption de la curcumine.
Les sujets ont été divisés en trois groupes et ont reçu respectivement une gélule placébo, une capsule de 480 mg de curcumine combinée à 20 mg de quercétine (faible dose) ou deux capsules (forte dose), et ce, pendant 1 mois. Les résultats ont démontré que tous les patients ayant reçu le traitement n’ont pas connu de rejets de greffon, contre 2 sur 14 du groupe placébo. Ceux traités à faible dose ont connu une diminution significative de 71% de la créatinine, tandis que ceux traités à forte dose ont connu une diminution significative de 93%. La créatinine est un déchet de l’organisme qui est éliminé dans les urines par filtration au niveau des reins. Si elle est élevée dans le sang, c’est un signe d’un dysfonctionnement des reins.
La curcumine combinée à la quercétine a pu améliorer la fonction des reins transplantés grâce à plusieurs mécanismes d’action, notamment l’inhibition des voies NF-kB (signalisations responsables de l’augmentation de la production de gènes et de cytokines pro-inflammatoires) et l’augmentation de l’activité de l’hème oxygénase, enzyme essentielle dans la prévention de l’inflammation vasculaire. Aussi, la curcumine a eu comme rôle d’éliminer les radicaux libres associés aux dommages tissulaires, grâce à ses propriétés antioxydantes.
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