La Cannelle a de nombreuses propriétés, mais est en particulier connue pour son effet anti-diabétique. Traditionnellement, elle était d’ailleurs appelée « l’insuline du pauvre » et était utilisée en cas de diabète. Le diabète est une pathologie chronique qui se caractérise par une glycémie (taux de glucose dans le sang) trop élevée. Des recherches ont alors été réalisées afin de déterminer ses mécanismes d’action. Pour commencer, la Cannelle est une épice qui a un index glycémique bas. Ensuite, elle joue de manière indirecte pour réguler la glycémie. Grâce à sa composition très intéressante, elle protège les cellules pancréatiques permettant de sécréter l’insuline, elle améliore la sensibilité des cellules à cette hormone, elle favorise le transport du glucose et régule des enzymes impliquées dans les voies métaboliques du glucose. Des études ont également démontré que la Cannelle pouvait limiter l’apparition de certaines complications du diabète en luttant contre les maladies cardiovasculaires et la néphropathie diabétique. Bien que des études soient encore nécessaires sur ce sujet, cet article permettra de mieux comprendre comment fonctionne la Cannelle en cas de diabète.

Cet article a été mis à jour le 06/12/2023

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Des propriétés intéressantes pour la glycémie

Index glycémique bas

La Cannelle a un Index Glycémique bas égal à 5. L’index Glycémique (IG) est un critère de classement des aliments contenant des glucides et est basé sur leur capacité à faire augmenter la glycémie (taux de glucose dans le sang) après leur ingestion. La Cannelle a justement un IG bas, c’est-à-dire qu’elle ne fera pas ou très peu augmenter la glycémie. De plus, sa charge glycémique est de 2,9 (effet sur la glycémie en fonction de la quantité consommée), ce qui signifie d’autant plus qu’elle n’aura que peu d’action sur la glycémie puisque celle-ci est inférieure à 10. Ce faible IG peut être lié à la quantité élevée de fibres contenues dans la Cannelle, soit 53,1 g pour 100 g de poudre. Consommer de la Cannelle aux doses journalières recommandées, soit 1 à 2 g par jour, ne provoquera donc pas d’hyperglycémie.

Protègerait les cellules pancréatiques

La Cannelle a des propriétés antioxydantes qui lui permettraient de protéger les cellules pancréatiques. Les cellules β des îlots de Langerhans du pancréas sont indispensables puisque ce sont elles qui sécrètent l’insuline (seule hormone hypoglycémiante de l’organisme). Une étude sur les souris a démontré que la Cannelle, grâce à sa composition en polyphénols, améliorait les dommages pouvant être présents sur les cellules β. De plus, une autre étude sur des rats a démontré que l’extrait de méthanol de Cannelle améliorait les fonctions pancréatiques en restaurant un état normal grâce à son activité antioxydante. En outre, la Cannelle possède également des propriétés anti-inflammatoires grâce à sa teneur en cinnamaldéhyde, limitant d'autant plus la dégradation des cellules pancréatiques.

Améliore la sensibilité à l’insuline

Les diabétiques de type 2 sont souvent résistants à l’insuline, c’est-à-dire que les cellules et les tissus de leur organisme sont moins sensibles à cette hormone qui a pour rôle de faire rentrer le glucose dans les cellules. Le glucose reste alors dans le sang et provoque une hyperglycémie. Des études ont montré que la Cannelle pouvait améliorer la sensibilité à l’insuline grâce à sa composition en :

  • Cinnamaldéhyde : améliore la sensibilité à l’insuline en activant les PPARδ, PPARγ (Peroxisome proliferator-actived receptor delta and gamma = récepteurs nucléaires, qui contrôlent, entre autres, l’oxydation des acides gras et du glucose) et le récepteur rétinoïde X (récepteur nucléaire exprimé dans le foie qui maintient l’homéostasie glucidique et lipidique).

  • Acide cinnamique : des études in vivo et in vitro ont notifié qu'il améliorait de manière dose-dépendante (effet proportionnel à la dose) la tolérance au glucose et favorisait par conséquent la sécrétion d’insuline.

  • Polyphénols : des études ont démontré que ceux contenus dans la cannelle pouvaient augmenter la sensibilité à l’insuline chez les rats.

  • Cinnamtannin B1 : c’est une proanthocyanidine, extraite de la cannelle de Ceylan, qui peut stimuler le récepteur de l’insuline sur les adipocytes (cellules spécialisées dans le stockage des lipides) et d’autres récepteurs de l’insuline afin d’améliorer la sensibilité des cellules à cette hormone.

De plus, les chercheurs ont démontré que l’extrait de Cannelle améliorait la production d’oxyde nitrique (NO) qui favorise l’absorption du glucose dans les muscles et dans les tissus périphériques.

Qui plus est, la résistance à l’insuline peut entraîner une surproduction de VLDL (Very Low Density Lipoprotein = lipoprotéines de très faible densité) et une réduction de l’activité d’une enzyme, la lipoprotéinolipase. Cela se traduit par une dyslipidémie (pathologie qui se caractérise par une quantité trop importante de lipides et de LDL-cholestérol dans le sang). Or, des études ont démontré que la Cannelle pouvait réduire significativement les LDL-cholestérol, permettant ainsi de limiter l’apparition de cette pathologie.

Favorise le transport du glucose

Des études ont montré que la Cannelle pouvait avoir un effet anti-diabétique en régulant un transporteur important du glucose. Le transporteur GLUT4 est une protéine stimulée par l’insuline, dont le rôle est de transporter le glucose du plasma vers les muscles et le tissu adipeux. Ces études montrent que l’extrait aqueux de cannelle a régulé positivement et renforcé les récepteurs de GLUT4 et UCP-1 (protéine découplante qui favorise l’absorption du glucose dans le tissu adipeux brun) dans les tissus adipeux bruns et les muscles de rats diabétiques. D’autres études chez l’homme seraient nécessaires.

De plus, des recherches ont démontré que le cinnamaldéhyde pouvait diminuer les taux sériques de RBP4 (protéine de liaison au rétinol 4, qui en excès, peut être responsable d’une résistance à l’insuline) et améliorer l’expression de la protéine tissulaire GLUT4. Le cinnamaldéhyde pourrait alors réguler la stimulation et la translocation de GLUT4 pour exercer des effets antidiabétiques.

Régulateur d’enzymes

D’après les recherches, la Cannelle aurait la capacité de stimuler certaines enzymes afin de réguler une voie métabolique impliquée dans la régulation du glucose, la glycogénogenèse. Le glucose peut être utilisé de différentes manières par l’organisme. Lorsqu’il est en excès, il peut par exemple se transformer en graisses dans le tissu adipeux, ou être converti en glycogène dans le foie et les muscles. La glycogénogenèse est la voie métabolique permettant de transformer le glucose en glycogène, qui va être stocké dans le foie et les muscles.

Des études in vivo et in vitro ont d’ailleurs démontré que la Cannelle favorisait l’absorption du glucose en activant le récepteur de l’insuline (hormone permettant de faire entrer le glucose dans les cellules), puis la synthèse de glycogène en favorisant l’activité de l’enzyme glycogène synthase. Cela permet alors de faire baisser la glycémie car le glucose ne reste pas dans le sang pour être utilisé par les organes de l’organisme.

Une autre étude réalisée sur des rats diabétiques a constaté que le cinnamaldéhyde (principal principe actif de la Cannelle) pouvait augmenter les niveaux de certaines enzymes (pyruvate kinase et phosphoénolpyruvate carboxykinase) permettant d’augmenter l’activité de la glycogénogenèse. Par conséquent, la Cannelle pourrait améliorer l’action de l’insuline dans les tissus hépatiques, augmenter la teneur en glycogène dans le foie et les muscles, tout en jouant un rôle dans la réduction de la graisse présente dans le foie. D’autres études chez l’homme pourraient être intéressantes à ce sujet.

Rôle dans le microbiote intestinal

De plus en plus d’études sont réalisées sur le microbiote intestinal afin d’élucider ses mystères. Certaines d’entre elles évoquent l’hypothèse que cette flore bactérienne pourrait avoir une incidence sur la glycémie et vice-versa. Des recherches faites sur des souris ont démontré que les polyphénols contenus dans la Cannelle pourraient considérablement améliorer la résistance à l’insuline et aider à réduire l’inflammation.

De plus, le cinnamaldéhyde augmenterait significativement les Lactobacillus johnsonii (bactéries utilisées comme probiotiques qui permettent d’améliorer l’équilibre du microbiote). Il a alors été conclu que ce composé pourrait protéger contre le diabète de type 1 en interférant avec le microbiote intestinal. Il est toutefois nécessaire de réaliser d’autres études sur ce sujet car celles-ci sont encore rares.

En prévention des complications du diabète

Maladies cardiovasculaires

D’après les recherches, la Cannelle pourrait avoir une action de prévention contre les maladies cardiovasculaires. Cette épice possède en effet de nombreuses propriétés bénéfiques au système cardiovasculaire comme un effet protecteur de l’endothélium, hypolipémiant, antioxydant, un rôle dans l’immunité et une activité anti-inflammatoire. Des études disent qu’elle pourrait alors avoir sa place pour prévenir certaines pathologies comme l’athérosclérose, l’hypertension artérielle, les lésions myocardiques, la myocardite virale, l’insuffisance cardiaque et les arythmies. Des études sont cependant encore nécessaires afin de préciser ses effets et les doses à ne pas dépasser, car une surconsommation de Cannelle pourrait au contraire entraîner des troubles du rythme cardiaque.

Néphropathie diabétique

Des études réalisées sur les rats ont montré que la Cannelle pouvait avoir une action de prévention sur l’apparition d’une néphropathie diabétique, une des complications du diabète touchant les reins. L'aldéhyde cinnamique, un des composés de la Cannelle, serait capable d’améliorer les symptômes courants des troubles métaboliques liés au diabète et notamment de la fonction rénale. Il pourrait en effet minimiser les altérations pathologiques du rein en activant le Nrf2 (facteur de transcription permettant aux cellules de lutter contre les oxydants qui sont néfastes).

Les Cannelles de Ceylan et d’Indonésie auraient également montré un grand potentiel pour supprimer la formation d’AGE (Advances Glycation End Products = produits qui résultent de la réaction entre un glucide et une protéine ou de l’oxydation des graisses) impliqués dans diverses complications du diabète. De plus, une étude sur des rats diabétiques a montré que la procyanidine-B2 (PCB2), composé de la Cannelle, pourrait inhiber l’accumulation d’AGE et ainsi améliorer leur impact sur la néphropathie diabétique.

Comment l’utiliser ?

Les études sont assez contradictoires sur l’effet et les doses à prendre de Cannelle pour qu’elle ait un réel effet sur l’hyperglycémie. Il apparaît que l’épice commencerait à faire effet (diminution de la glycémie à jeun) à partir de 3 g de Cannelle par jour, mais les études sont plus optimistes avec une dose de 6 g par jour pendant 40 à 90 jours afin de voir apparaître des résultats sur l’HbA1c (hémoglobine glyquée). Toutefois, en général, il est conseillé de ne pas dépasser 1 à 2 g de Cannelle par jour, soit ½ à 1 cuillère à café, afin d’éviter les risques qui sont liés à sa consommation. De plus, d’après les études, il semblerait que la Cannelle de Chine (Cinnamomum cassia) soit plus efficace que la Cannelle de Ceylan (Cinnamomum verum) dans le cas du diabète. La Cannelle pourrait alors être un soutien dans le traitement du diabète, si elle est associée à des mesures hygiéno-diététiques :

  • Une alimentation équilibrée et variée est essentielle pour équilibrer le diabète (équilibre entre les glucides, fibres, protéines et lipides).

  • Une alimentation contenant des aliments (fruits rouges, graines…) et épices (Curcuma, Gingembre…) antioxydants.

  • Veiller à une hydratation suffisante.

  • L’activité physique adaptée et régulière est conseillée.

  • Une surveillance régulière de la glycémie.

Précautions d’emploi

La Cannelle n’est pas sans risque et comme tout aliment/épice, elle est soumise à quelques précautions d’emploi :

  • La Cannelle ne se substitue en aucun cas à un traitement médical. Un suivi par un professionnel de santé est indispensable.

  • Ayant un effet anti-diabétique, avoir une surconsommation de Cannelle, en interaction avec des antidiabétiques (oraux ou insuline) pourrait entraîner des hypoglycémies. Il est alors recommandé de respecter les doses journalières recommandées.

  • La Cannelle est également un léger hypotensif. Les personnes sous traitement hypertenseurs pourraient voir cet effet augmenter.

  • Il faut savoir que toutes les Cannelles (Cannelle de Chine (Cinnamomum cassia), Cannelle d’Indonésie (Cinnamomum burmanii), etc…), sauf la Cannelle de Ceylan (Cinnamomum verum), possèdent des coumarines. Ces molécules, à haute dose, sont hépatotoxiques, néphrotoxiques et fluidifiantes sanguines. C’est pourquoi il est conseillé de demander un avis médical en cas de traitement anticoagulant. De plus, la DJA (Dose Journalière Admissible) des coumarines est de 0,1 mg par kg de poids de corps. Donc, pour une personne de 60 kg consommant une Cannelle contenant 1 % de coumarine, il ne faudrait pas dépasser 6 g de coumarines par jour, ce qui correspondrait à ¼ de cuillère à café.

  • La Cannelle est déconseillée chez les femmes enceintes en raison de ses propriétés fluidifiantes sanguines et abortives.

  • Il est préférable de consommer la Cannelle de Ceylan chez les femmes allaitantes et les enfants car celle-ci ne contient pas de coumarines. Des études ont montré que les coumarines pouvaient passer dans le lait maternel. Avec les autres Cannelles, les nourrissons et les enfants pourraient vite atteindre leurs doses seuils en coumarines et être en surdosage.

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Bibliographie

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